Les services de réanimation constituent un environnement de soins difficile pour les patients et leurs proches qui sont soumis à un stress majeur. Les soignants ne sont pas épargnés et sont particulièrement à risque de "burn-out". L'auteure, infirmière en réanimation et docteure en éthique, s'appuie sur son expérience de soignante et de nombreux entretiens pour développer la notion de travail narratif et son intérêt dans la résilience des protagonistes gravitant autour des patients de réanimation.

Une fois le sprint de l'urgence surmonté, s'installe souvent un temps de traitements invasifs autour d'un patient plongé dans le coma ou dans des états cognitifs altérés. Peut alors apparaître un ressenti d'absurdité, de déraisonnable dans une prise en charge. Ce moment plus ou moins long peut aussi donner l'opportunité d'une prise de recul et d'un travail sur le sens, dans la singularité de l'histoire de vie de chaque patient.

Le travail narratif qui se développe ainsi entre les équipes soignantes et les proches des patients favorise avant tout la personnalisation des projets. Il peut prendre bien des formes : travail déductif autour du patient inconscient ; travail de communication entre l'équipe et les proches ; travail de construction d'une histoire commune pour la triade patient-proches-équipe soignante permettant de réorienter les soins et d'adapter les objectifs à la singularité des situations. Un tel travail est propice à limiter les conflits et à favoriser l'intercompréhension.