Depuis sa création en 2005, la Haute Autorité de santé développe des actions visant à améliorer la qualité des soins et la sécurité des patients. Ainsi la publication des recommandations de bonne pratique, la certification des établissements de santé et l'accréditation des médecins exerçant dans une spécialité à risque sont des actions importantes pour la promotion d'une culture de la qualité. Mais elles se heurtent souvent au scepticisme des médecins qui n'y ont pas été préparés pendant leur formation initiale et qui les considèrent comme fastidieuses, non prioritaires, voire inutiles. On peut penser que si les notions de médecine par les preuves (Evidence-Based Medicine) qui fonde la pratique médicale sur l'évaluation objective des données, de gestion des conflits d'intérêts à la recherche d'une information impartiale et indépendante, d'évaluation des pratiques professionnelles sont transmises dès la formation initiale, elles seront mieux admises plus tard. Par ailleurs, à l'heure d'Internat, des tablettes, de la télémédecine et des bases de données, les conditions d'exercice de la profession changent, mais les demandes des patients changent aussi. La pratique en solo d'un médecin qui sait et décide pour un patient qui lui fait confiance est progressivement remplacée par l'organisation d'un parcours de soins par des équipes pluriprofessionnelles, avec la participation du patient lui-même. Ces principes d'organisation rationnelle des soins, de transfert de tâches, de travail en équipe et d'information du patient et de sa famille doivent être aussi acquis dès la formation initiale. Enfin, l'explosion des pathologies chroniques, l'allongement de l'espérance de vie et les progrès technologiques augmentent les dépenses de santé de manière inéluctable, et l'utilisation optimale des ressources financières devient une préoccupation essentielle de tous les acteurs du système de soins. L'évaluation médico-économique des produits de santé mais aussi des actes diagnostiques et thérapeutiques devient indispensable et doit devenir l'un des critères du choix. Ces notions ont été intégrées dans le nouveau programme du diplôme de formation approfondie en sciences médicales, ou DFASM, ce qui est une étape capitale pour que les professionnels de santé deviennent des acteurs de la régulation des soins par la recherche de la qualité et de l'efficience. Reste à espérer que leur acquisition soit effective et évaluée tout au long du cursus.