Les affections du coude représentent la deuxième grande cause de phénomènes douloureux survenant chez les salariés.La grande caractéristique de ces tableaux douloureux du coude est l'intrication potentielle de phénomènes douloureux nociceptifs à point de départ tendineux ou musculaire et de phénomènes douloureux de type neuropathique.Les progrès les plus récents concernant la physiopathologie de la douleur permettent d'envisager une approche rationnelle de cette intrication avec une voie commune qui se traduit par une hypersensibilisation périphérique et centrale. Ce processus d'hypersensibilité est la clef de la prise en charge évaluative et thérapeutique y compris dans les formes chroniques. Ceci est particulièrement exact pour le diagnostic des épicondylalgies latérales.Les progrès les plus récents, dans le domaine épidémiologique, permettent de penser que les facteurs mécaniques ques sont à l'origine de la survenue de phénomènes douloureux au travail, cependant que les causes d'absentéisme au travail, avec leur impact individuel et collectif, font appel à des dimensions psycho-émotionnelles et psycho-sotie-professionnelles.Il apparaît, au vu des développements récents concernant la clinique des affections douloureuses, en particulier du coude, qu'une clarification nosologique s'impose. L'approche épidémiologique, les modalités d'actions sur le lieu de travail imposent cette clarification de telle sorte que les épidémiologistes non cliniciens comprennent de quoi souffrent ces patients et salariés et que les cliniciens puissent comparer leurs travaux.Trop de phénomènes douloureux du coude conduisent au diagnostic de « non spécificité », ce diagnostic de non spécificité pouvant laisser sous-entendre que la réalité du stimulus nociceptif voire même de la réalité de la souffrance est absente. Si dans quelques cas, le tableau clinique est réduit à la seule douleur, faisant évoquer un trouble somatoforme, dans la majorité des cas, existent des modifications cliniques qu'il faut savoir rechercher par un examen clinique rigoureux.L'étude de la composante psychologique dans les affections chroniques douloureuses peut se faire selon deux grandes approches : l'approche cognitive-comportementale et l'approche analytique. Cette dernière permet, dans certains cas, d'évoquer au sein de l'hypochondrie, souvent évoquée dans la chronicité douloureuse, le diagnostic de psychose.Ainsi, il apparaît de façon évidente que les approches de prévention primaire ont pour finalité de réduire le bruit de fond douloureux au travers de stratégies ergonomiques complexes faisant intervenir à la fois des dimensions d'ordre mécanique mais aussi d'ordre organisationnel au travail.Pour les affections douloureuses du coude, dans le domaine du soin, la prise en charge thérapeutique est, dans la majorité des cas, la plus simple. En revanche, il apparaît manifeste que les formes rebelles, complexes, nécessitent des approches multidisciplinaires.Les enjeux de la réinsertion, du salarié au travail, impliquent une étroite collaboration entre les acteurs du soin et les acteurs de santé au travail. Ceci implique une meilleure connaissance par les uns et les autres, à la fois des enjeux du contexte professionnel et les enjeux de la prise en charge multi et inter-disciplinaire.Ceci impose aussi que les employeurs aient une meilleure formation et information sur ce que représentent les phénomènes douloureux du coude. La formation des acteurs de santé, quant à la pratique clinique, quant à la connaissance des mécanismes physiopathologiques de la douleur, quant aux possibilités thérapeutiques, est un enjeu fondamental.Tous ces éléments justifient l'édition de cet ouvrage Coude et maladies professionnelles dans la collection de « pathologie locomotrice et médecine orthopédique ».